Véronique est une femme de 54 ans vivant dans le sud-ouest rural qui a consacré son début de carrière dans la coordination du transport routier. En 2017, sa vie a basculé lorsqu'elle est tombée malade, une expérience totalement nouvelle pour elle, n'ayant jamais été gravement malade auparavant, à l'exception de quelques petits maux occasionnels. Cette maladie a eu des répercussions profondes sur Véronique, la confrontant à plusieurs défis simultanés telle que la culpabilité de laisser son entreprise en difficulté, une petite structure où chaque membre compte énormément, a pesé sur elle. Dans cet article, nous explorerons le parcours de Véronique, ses luttes et sa résilience face à cette période difficile de sa vie. Son histoire reflète les défis auxquels sont confrontées de nombreuses personnes concernées par une maladie chronique et à la pression de maintenir un équilibre entre leur santé et leur carrière. Témoignage.
J’ai continué à travailler pendant mes traitements contre la maladie, malgré les avertissements de mon médecin. La pression et la fatigue ont rapidement pris le dessus, affectant ma performance au travail. Les effets secondaires des traitements ont exacerbé la situation, provoquant des troubles cognitifs et une dégradation de ma mémoire. J’ai ressenti une pression constante pour répondre aux exigences du travail, créant de l’agacement chez les clients, les conducteurs et les collègues. Cette période difficile m’a poussée à me remettre en question et à ressentir une profonde dévalorisation. J’ai également dû faire face à des problèmes de santé physique, tels que des neuropathies aux doigts, nécessitant des aménagements spéciaux. La pression mentale était épuisante, et j’ai finalement pris conscience que je ne pouvais pas continuer ainsi. J’ai réalisé qu’il était temps de prendre soin de moi et de changer ma situation professionnelle pour préserver ma santé mentale et physique.
Je me suis dit: “Véronique, qu’est-ce que tu fais, t’as plus ta place et je peux pas continuer à subir ça!”
À onze heures, j’ai envoyé un mail à ma direction pour demander un entretien urgent. Face à ma collègue, qui était aussi une amie de longue date, j’ai annoncé que je devais arrêter mon travail en raison de ma santé plus fragile, même si cela risquait de mettre en péril notre amitié. Ma décision a été un choc pour elle et ma direction. J’ai expliqué que je me sentais incapable de maintenir la qualité du service de l’entreprise, que je ne me sentais plus à ma place et que je ne pouvais pas continuer dans ces conditions.
Nous avons convenu d’une rupture conventionnelle, mais cela m’a coûté énormément sur le plan émotionnel, car je quittais un métier que j’adorais, une entreprise que j’appréciais, et je me sentais responsable de cette situation. Je me suis retrouvée face à un sentiment d’injustice profond, en me demandant ce que j’allais faire de ma vie professionnelle, d’autant plus que nous étions en plein confinement.
J’ai décidé de me réorienter en devenant formatrice dans le transport routier, puis j’ai envisagé de devenir patient partenaire pour aider d’autres personnes confrontées à la maladie. Pour cela, j’ai dû obtenir un BTS transport par validation des acquis de l’expérience (VAE) et suivre une formation de formateur professionnel à l’AFPA.
Malgré les défis, j’ai réussi à obtenir ces qualifications et à candidater pour devenir patient partenaire à la Sorbonne, me permettant ainsi de contribuer positivement à la vie d’autres personnes dans le domaine de la santé.
Le premier défi auquel j’ai été confrontée était de faire face à des problèmes cognitifs et de mémoire auxquels je n’avais pas été préparée, ce qui m’a troublée et fait douter de ma propre intelligence. La fatigue a été un autre défi, car malgré mon mi-temps, mon travail exigeait des réponses immédiates à des situations imprévues. Je n’ai pas réussi à dire non et à fixer des limites.
Un autre défi était de gérer mon apparence physique pour refléter l’état de ma santé intérieure. C’était difficile d’expliquer que malgré mon apparence soignée, j’avais des douleurs aux mains et aux jambes. Ce malentendu m’a incitée à écrire une pièce de théâtre pour sensibiliser les autres à ma réalité invisible.
J’ai également dû faire face au défi d’accepter mon statut de travailleur en temps partiel thérapeutique et d’accepter l’invalidité. J’ai initialement résisté à remplir un dossier d’invalidité, mais j’ai réalisé que cela me donnait accès à des droits importants pour regagner ma pleine capacité à terme. Le terme « invalidité » est problématique et j’ai encouragé d’autres personnes dans ma situation à voir cette démarche comme un moyen de retrouver leur pleine validité.
“Quand j’accompagne maintenant des patients qui ont la même problématique que moi, qui ne veulent pas remplir leur dossier RQTH je leur explique que c’est pour redevenir pleinement valide.”
Dès l’annonce de ma maladie, j’ai été soutenue par mon entreprise familiale, où tout le monde s’est montré très prévenant et attentionné sur le plan moral. Cependant, la communication est le facteur clé pour une réintégration réussie au travail, et cette communication doit commencer par le patient envers son entreprise.
Il est essentiel que le patient explique clairement ses besoins et ses préférences en matière de communication. Par exemple, s’il préfère que ses collègues ne sachent pas qu’il a un cancer, il devrait discuter avec l’employeur de la manière dont cela peut être géré. L’employeur, de son côté, doit poser des questions ouvertes pour comprendre comment le patient souhaite communiquer et maintenir le lien.
Le patient doit assumer une grande responsabilité dans la communication de ses besoins, sentiments et difficultés tout au long de son parcours de soins et de sa réintégration. Sans cette communication claire des deux côtés, il peut y avoir des malentendus et des frustrations. Il est important d’assurer aux employés qu’ils peuvent changer d’avis au fil du temps, et que leur choix sera respecté.
Il est également utile de sensibiliser les collègues à la situation et de leur expliquer les choix du patient. Parfois, les collègues peuvent se sentir frustrés s’ils ne savent pas comment agir, mais il est important de les rassurer en leur disant que le respect des préférences du patient est primordial. En fin de compte, la communication ouverte et la compréhension mutuelle sont essentielles pour faciliter la réintégration des patients dans le milieu professionnel.
Il s’agit d’une expérience individuelle et personnelle, abordant la manière dont chacun réagit face à la maladie. Le déni initial peut rendre la communication complexe, car il est difficile de parler d’une chose que l’on n’a pas encore acceptée. Le rapport personnel avec la maladie varie d’une personne à l’autre, et cela rend la communication compliquée. Certaines personnes minimisent la maladie pour elles-mêmes et pour les autres, tandis que d’autres peuvent vouloir en parler ouvertement. Il est essentiel de comprendre que chaque individu réagit différemment, et il ne faut pas comparer ou juger les choix de chacun, car chaque parcours est unique.
Toutes les entreprises, qu’elles soient directement concernées ou non, devraient intégrer la communication sur la gestion de la maladie d’un collaborateur, qu’il s’agisse d’un cancer ou de toute autre problématique similaire. Les étapes telles que l’annonce, le traitement, la pré-reprise, la reprise, et la communication avec les collègues sont universelles. Il devrait être naturel pour les entreprises d’inclure cela dans leur communication, de sensibiliser les managers à ces situations, et d’offrir des formations sur la manière de gérer ces défis. De la même manière que les entreprises communiquent sur des sujets comme l’environnement et l’écologie, la gestion de la maladie et du retour après un arrêt de longue durée devrait devenir un rituel de communication. Cela permettrait aux employés de se sentir mieux préparés et moins paniqués lorsque de telles situations se présentent, favorisant ainsi une meilleure compréhension et une plus grande empathie au sein de l’entreprise.
Lorsqu’une personne se prépare à reprendre le travail après un arrêt médical prolongé, il est essentiel de prendre des mesures anticipatives. Plutôt que d’attendre la dernière minute, il faut dès le départ réfléchir à comment maintenir le lien avec l’entreprise. Cela inclut la communication avec son manager ou son directeur sur les défis liés au traitement médical, comme la fatigue ou les problèmes cognitifs. En communiquant ces besoins, l’entreprise peut mieux s’adapter à la situation en ajustant le travail ou les tâches en conséquence. Il est également recommandé d’explorer des options telles que les essais encadrés, qui sont pris en charge par la sécurité sociale, pour tester de nouveaux services ou même envisager un changement d’entreprise si nécessaire.
Avant de reprendre le travail, il est important de faire un bilan de l’évolution de l’entreprise, comme les changements de postes, de clients, de logiciels ou d’équipements. Cette démarche permet de se familiariser avec les modifications et de se rassurer sur ce qui a évolué. Il est crucial de se convaincre que les compétences professionnelles acquises avant la maladie sont toujours présentes, même si la manière de les mettre en œuvre peut avoir changé. La reprise se fait progressivement, mais le potentiel reste le même, et cette conviction est essentielle pour réussir la réintégration dans le monde professionnel.
Il est essentiel de développer une capacité d’écoute active pour comprendre les besoins, ou même les non-besoins, de la personne concernée. De plus, il est crucial de favoriser une communication ouverte au sein de l’équipe sans jugement. Il est contre-productif de critiquer un collègue qui ne prend pas de nouvelles d’une personne en arrêt, car chacun peut avoir ses propres raisons. Peut-être qu’il vit des difficultés similaires à la maison ou qu’il ne se sent pas capable d’approcher la personne malade en raison de son propre vécu personnel.
Il est important d’être tolérant et de reconnaître que nos réactions sont influencées par nos expériences individuelles, nos valeurs et notre éducation. Nous devons respecter les différentes façons dont chacun réagit à une situation difficile, évitant ainsi les conflits inutiles au sein de l’équipe.
Je considère que notre rôle est de servir de médiateurs au sein de cette situation, on est des médiateurs, on orchestre. Nous comblons les lacunes, établissant des liens entre les entreprises, les patients, et d’autres parties impliquées. Grâce à notre diversité d’expériences, en tant que patient, employé, collègue, femme active, et maintenant patient intervenant en milieu hospitalier, nous sommes en mesure de faciliter la communication et le partage d’expérience entre tous ces acteurs.
Notre approche n’est pas de dicter des règles, mais plutôt de témoigner, de relater des expériences, d’en tirer des enseignements, et de collaborer pour trouver des solutions adaptées à chaque situation individuelle.
« Nous reconnaissons que chaque histoire est unique, et notre rôle consiste à relier ces histoires pour le bénéfice de tous. »
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